Inclusion : Pierre, des preuves, des gestes et des « Yes ! »
À 27 ans, Pierre, porteur de trisomie 21, a décroché un CDI chez GSF Mercure comme agent de service sur le site de la CAF de Lyon. Grâce à l’association Affuté et aux équipes de GSF Mercure, il a trouvé sa place, en milieu ordinaire. Son parcours raconte une inclusion concrète dans un groupe plus que jamais handi-engagé.
Le matin, c’est la tournée. La lumière des néons claque sur le lino gris. Dans le couloir presque désert de la CAF de Lyon, 67 boulevard Vivier Merle, Pierre pousse son chariot avec application, d’un pas assuré. Sa veste bleue est impeccablement fermée. À cette heure, seuls ses pas et le grincement discret des roues remplissent l’espace. Pierre connait sa tournée, son matériel, chaque geste. Trois fois par semaine, depuis plusieurs mois, il nettoie les bureaux, les salles de réunion et gère le tri des bio déchets. Les gestes sont précis, minutieux, avec ce goût du travail bien fait.
Une rencontre, une ouverture
Pierre n’est pas arrivé là par hasard. Tout commence avec Affuté, une association qui accompagne des personnes en situation de handicap vers l’emploi en milieu ordinaire. En parallèle, GSF veut renforcer sa politique inclusive. Le groupe vient d’obtenir la pastille « société handi-engagée » attribuée par France Travail. Les deux se rencontrent et proposent à Pierre un stage à la CAF de Lyon, à l’initiative de Nicolas Outin, responsable d’exploitation chez GSF Mercure. « L’objectif était de faire accéder Pierre à l’emploi et je ne serais pas allé jusqu’au bout si je ne lui avais pas proposé un CDI. »
Pierre est intégré en stage en 2024. Il observe, écoute, apprend à son rythme, avec régularité. Petit à petit, le jeune agent de service trouve sa place. Ici, l’inclusion prend la forme d’un planning, d’un chariot bien organisé, de gestes répétés chaque matin. Et d’un client plus que satisfait : « Le travail de Pierre est exemplaire. Il a d’abord été placé sur des missions qui étaient problématiques et qui concernent la gestion du tri des bio déchets. Pierre doit respecter un cahier des charges et aujourd’hui l’état d’entretien des choses qu’on lui confie est aussi neuf qu’à l’achat. La qualité des prestations de Pierre, qui est très pointu, est optimale », se réjouit Nader Idir, gestionnaire contrats à la CAF et interlocuteur privilégié des équipes de GSF Mercure.
Le collectif, moteur discret de l’inclusion
Pierre travaille au sein d’une équipe soudée. « Je ne travaille pas seul. On est une équipe », lance-t-il, en haussant les épaules, comme si c’était évident. Branca de Lurdes Goncalves, sa cheffe d’équipe, veille sur lui sans le couver. « Il est accompagné, soutenu, mais aussi libre. La rigueur, il l’a et on peut toujours compter sur lui », affirme-t-elle. Les collègues racontent les débuts, les regards parfois hésitants. Et puis l’évidence : Pierre effectue le travail. Très bien. « Souvent, le plus lourd des handicaps, c’est le regard des autres », glisse un membre de l’association. Mais chez GSF Mercure, les équipe se sont donné les moyens pour que ce regard change.
Un CDI, et plus encore
Les semaines passent. Le stage devient une présence familière. Puis un jour, la nouvelle tombe : un CDI. Ce n’était pas écrit, mais ils se sont fait confiance. Et cela change tout. Et la mère de Pierre ne cache pas sa fierté. Quand on lui demande ce qu’elle pense du travail de son fils, elle a le sourire. « Je suis fière de toi », lui dit-elle.
Au quotidien, l’inclusion comme une évidence
Aujourd’hui, Pierre poursuit sa tournée avec la même concentration. Dans le couloir, il pousse son chariot, ouvre une porte, salue un collègue. Rien d’extraordinaire. Et c’est bien cela l’inclusion : une organisation patiente, une confiance donnée, une équipe qui s’ajuste. C’est aussi la détermination tranquille d’un jeune homme qui ne veut pas être « un exemple » mais juste bien faire son travail. Un rire clair résonne dans le couloir. Celui de Pierre qui brandit devant son visage avec ses doigts, le V de la victoire en s’exclament “Yes !” , sa formule fétiche. Et cela suffit à tout résumer. Parce qu’effectivement, la mission est accomplie.
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