Le gouvernement vient de publier un décret et un arrêté rendant « pleinement opérationnel » le dispositif de réutilisation des eaux usées par les industriels de l’alimentation. L’enjeu : réduire la pression sur cette ressource sous tension.

L’arrêté « fixe les différents usages autorisés » et « les exigences de qualité requises pour des eaux (…) réutilisées pour la préparation, la transformation et la conservation de toutes denrées et marchandises destinées à l’alimentation humaine », y compris pour le nettoyage des locaux, installations et équipements.

L’eau du nettoyage réutilisable

« Nous pouvons ainsi désormais devenir pourvoyeur d’eau à traiter pour être réutilisée en nettoyage ou ailleurs. Nous avons également la possibilité d’être utilisateurs de ces eaux recyclées », synthétise Marie Cheval, Ingénieure agroalimentaire au service de R&D.

Des restrictions ont toutefois été posées et les eaux issues du nettoyage des abattoirs bovins & ovins sont exclues du décret.

Pour les industriels du secteur agroalimentaire, 43 % de leur consommation d’eau est destinée au nettoyage, soit le premier poste budgétaire.

Ce nouveau cadre réglementaire « permettra de réduire significativement les prélèvements dans la ressource naturelle en eau, notamment en période de sécheresse », s’est félicité le ministère de l’Agriculture dans son communiqué.

Pour certaines industries, cette réutilisation des eaux permettra une économie « de 15 % à 80 % en eau potable ». Cela n’empêche pas de continuer à diminuer les consommations. Mais aussi à chercher à la limiter. Et Marie Cheval de conclure : « La meilleure économie réside dans l’eau qu’on ne consomme pas, qu’elle soit réutilisée ou non. »

Quelle qualité d’eau ?

L’un des principaux enjeux de ce décret est de garantir que l’eau recyclée utilisée pour le nettoyage des équipements et des installations respecte des normes sanitaires strictes. Cela inclut des protocoles de traitement et de surveillance pour s’assurer que l’eau ne contient pas de contaminants dangereux.

L’arrêté d’application précise ces seuils microbiologiques et chimiques attendus pour l’eau recyclée en fonction de l’usage qui en sera fait :

• Avec contact direct ou indirect du produit alimentaire, ou sans contact
• Avec ou sans étape ultérieure de maîtrise (fonction de l’analyse des risques HACCP de l’industriel)

Il se réfère au code de la santé publique de 2007 pour les eaux destinées à la consommation humaine. Toutefois, les seuils sont à définir par l’industriel concerné en fonction de son analyse de risques (HACCP).

La responsabilité (réglementaire et technique) de la bonne qualité d’eau recyclée, la gestion des flux (eau recyclée / eau du réseau) ou encore les installations techniques (stockage…) sont du ressort des industriels car elles couvrent un champ bien plus large que le seul nettoyage.